L’arbre du yoga ou les huit membres du yoga

 



1. L’arbre du yoga : les racines

En botanique, la racine est l’organe souterrain d’une plante. Souvent déployées en réseau ou en arborescence, les racines servent à fixer le végétal au sol. En outre, elles permettent à la plante de puiser dans la terre les éléments nutritifs nécessaires à son développement.

De même, les yamas, qui constituent le premier membre de l’ashtanga yoga, sont les racines du yogi. Ils constituent sa base.

Les yamas sont l’ensemble des règles qui guident le pratiquant sur le chemin de la vie yogique.

Au nombre de cinq, les yamas permettent au yogi de réguler sa relation au monde extérieur. De même que l’arbre pompe dans le sol les différents nutriments dont il a besoin pour sa croissance, le yogi puise dans les yamas pour nourrir son chemin. Il absorbe ainsi

  1. Ahimsa : non-violence

  2. Satya : être vrai

  3. Asteya : ne pas voler

  4. Aparigraha : non-attachement

  5. Bramacharya : modération

 

2. L’arbre du yoga : le tronc

Le tronc de l’arbre permet à celui-ci de se tenir, de s’ériger et de s’élever. Par ailleurs, le tronc est un axe vertical qui se ramifie en branches et qui a pour rôle de relier les racines au houppier l’arbre. C’est également là le rôle des niyamas.

Les niyamas sont les observances morales qui accompagnent le yogi dans ses pratiques physique et spirituelle.

Si les yamas régulent la relation qu’entretient le yogi avec le monde extérieur, les niyamas, pour leur part, régentent la relation que le yogi construit avec le monde intérieur.

Autrement dit, si les yamas correspondent au pied droit du yogi, les niyamas en sont le pied gauche. Ensemble, yamas et niyamas lui permettent de se tenir debout.

De même que les yamas, les niyamas sont également au nombre de cinq.

Ainsi,

  1. Saucha : pureté

  2. Santosa : contentement

  3. Tapas : austérité

  4. Svadhyaya : l'étude du Soi

  5. Isvara Pranidhana : prière et dévotion

permettent au yogi de s’élever et de tendre vers les cieux à l’image du tronc qui permet à l’arbre de conquérir la si précieuse lumière dont il a besoin pour se révéler.

 

3. L’arbre du yoga : les branches

Les branches de l’arbre du yoga symbolisent les asanas .

Ces branches sont la charpente de l’arbre, autrement dit l’ossature sur laquelle reposent les feuilles, les bourgeons, les fleurs puis les fruits. Ces branches sont nombreuses et prennent diverses formes. Aussi, elles représentent parfaitement la myriade de postures qui existent.

Ces branches, comme notre corps physique, se doivent d’être à la fois fortes et flexibles. Elles sont soumises aux aléas du vent et sont balancées de droite et de gauche. Sans se rompre, elles doivent supporter le poids des feuilles, des fleurs puis des fruits et parfois même des animaux qui s’y posent. Sans jamais flancher, elles voient passer les saisons. En somme, les branches subissent de plein fouet les mouvements de la vie.

De la même façon, au quotidien, nous sommes confrontés à des situations plus ou moins confortables. La pratique des asanas résume ces différentes situations auxquelles nous sommes quotidiennement confrontées. Parfois, les situations sont agréables et confortables, on y resterait des heures… Parfois, elles sont intenables ! Les asanas symbolisent ces situations. Sur le tapis nous faisons l’expérience de postures qui nous plaisent et qui nous font du bien tout autant que d’asanas inconfortables, voire désagréables.

Tel le houppier d’un l’arbre, grâce à la pratique régulière des postures, nous maintenons un corps à la fois fort et flexible ; un corps prêt à se frotter à toutes les situations de la vie sans en avoir à accuser le coup.

4. L’arbre du yoga : les feuilles

Les feuilles de l’arbre du yoga représentent les pranayamas. En effet, la feuille est le moyen par lequel les échanges gazeux nécessaires à la vie se produisent, en un mot : la photosynthèse.

Les feuilles de l’arbre représentent donc à merveille les exercices de respiration et témoignent à propos de la place centrale (pour ne pas dire vitale) du souffle dans la pratique du yoga.

Les grands sages enseignent que « respirer c’est vivre et que vivre c’est respirer ». C’est d’ailleurs pourquoi les yogis ne comptent pas la durée de vie en nombre d’années, mais en nombre de respirations.

Selon eux, nous naissons tous avec un capital fixe de respirations. Une fois, ce capital épuisé vient la mort du corps physique. Les exercices de respiration et l’apprentissage du contrôle du souffle ont, par conséquent, une place majeure dans les enseignements du yoga.

Si nous observons le monde, il est vrai que chaque être vivant dépend de la respiration. Du premier cri du nourrisson au râle du mourant, il n’y a qu’une succession de respirations. L’arrêt de la respiration signifie ni plus ni moins que l’arrêt de la vie.







5. L’arbre du yoga : l’écorce

L’écorce est la couche protectrice de l’arbre. Sans son écorce, l’arbre, en proie aux maladies ainsi qu’aux attaques parasitaires, dépérit et meurt.

De la même façon, l’être humain est doté de cinq sens. Au travers de ces cinq sens, l’être humain obtient des informations sur le monde qui l’entoure. Il se prévaut ainsi des dangers potentiels qui le menacent et reste en vie. Ces sens lui permettent donc de se mouvoir au sein de la vie tout en protégeant son enveloppe physique. Sans ces sens, il serait très difficile pour l’être humain de se mouvoir sans risques au travers de la toile de la vie.

Sur l’arbre du yoga, l’écorce représente le cinquième membre de l’ashtanga yoga, celui que l’on nomme « pratyahara » ou retrait des sens.

Les sens, aussi indispensables soient-ils pour la préservation de l’être dans le monde phénoménal, sont, dans la voie spirituelle, souvent plus un frein qu’une aide.

Par essence, les sens tirent l’attention de l’être vers l’extérieur. Il en résulte que nous ne sommes plus capables d’observer les mouvements intérieurs qui nous habitent.

Pratyahara est cette pratique qui vise à utiliser l’énergie que l’être humain déploie habituellement au travers de ses sens pour observer le monde qui l’entoure, en vue cette fois-ci, de s’observer lui-même. Avec pratyahara, l’être humain devient son propre objet d’observation. Il est indispensable de faire taire les bruits qui nous parviennent au travers de nos cinq sens et d’apprendre à voir sans nos yeux, à entendre sans nos oreilles et à ressentir sans le toucher.

6. L’arbre du yoga : la sève

Au cœur de l’arbre, à l’abri des regards, circule la sève. Ce précieux jus concentre toutes les vitamines et les ressources nécessaires à la croissance de l’arbre. Cette concentration est énergie pure.

Sur l’arbre du yoga, la sève représente la concentration du mental que l’on nomme en sanskrit « dharana ». Il s’agit du sixième membre de l’ashtanga yoga.

Il faut savoir que, par nature, le mental est agité et dispersé. Dharana a pour but de rassembler le mental éparpillé. Cette concentration vise à accumuler toute l’énergie mentale en un seul et unique point. L’agrégat énergétique obtenu par le rassemblement de toute la force mentale en un même point est la véritable puissance de l’être humain. Il s’agit là de l’élixir de jouvence qui donne accès aux prémisses de la méditation.

Dharana est l’effet d’une observation orientée. Pour observer, il faut porter son attention sur un objet d’observation et faire taire tout ce qu’il y a autour (grâce à la pratique de pratyahara – cinquième membre de l’Ashtanga yoga). Cette intense concentration est ce que l’on nomme « attention ». L’attention commence dès la phase d’asanas avec l’observation rigoureuse du corps physique en situation. Puis, elle se poursuit avec les pranayamas et l’observation méthodique du souffle. Dharana est l’observation méticuleuse de ce qui se passe dans le mental. Cette concentration est intentionnelle. Elle requiert un effort de la part du sujet. Cependant, la répétition de la pratique de la concentration doit ultimement mener vers moins de concentration, moins d’effort et donc vers l’étape suivante que l’on nomme « dhyâna ».

7. L’arbre du yoga : les fleurs

La fleur est l’organe de reproduction d’un végétal. L’organe de reproduction, quel qu’il soit, recèle de l’énergie vitale et de la capacité créatrice.

Dhyâna, souvent traduit par méditation est l’énergie reproductrice transcendée de l’être humain.

Dans Dhyâna, l’observation entamée avec Dharana demeure, mais sans effort. La concentration n’est plus un exercice, mais un état naturel. Lorsque cet état est permanent, l’être humain est en « samadhi ». Ainsi, après la pollinisation, la fleur est fécondée et se transforme en fruit.

8. L’arbre du yoga : les fruits

Les fruits se veulent appétissants, gorgés de senteurs et pleins de saveurs afin que nous ayons envie de les goûter et de libérer les graines qui s’y trouvent cachées. Les fruits sont le cadeau ultime de l’arbre au monde. Ils sont le résultat de l’action de la Terre Mère, qui par un savant processus dont elle seule a le divin secret, est capable de transformer de simples éléments en nourriture. Par conséquent, les fruits sont symboles de générosité universelle, de don et d’absence d’ego. Donner c’est oublier le « je », celui-là même qui veut tout pour lui et en premier !

Il n’est donc pas surprenant de savoir que, sur l’arbre du yoga, l’étape ultime de l’ashtanga yoga que l’on connait sous le nom de « samadhi », est représenté par les fruits.

Le samadhi est le nirvana des yogis. Il s’agit de la libération du poids du monde, de l’incarnation et du mental. Le samadhi est un état dans lequel le yogi perçoit les objets et les événements hors de toute projection personnelle. Il s’agit de la liberté ABSOLUE.

Cette libération est le fruit des étapes précédentes. Elle est le résultat d’un processus au sein duquel l’être humain a, une à une, orienté ses énergies dans le sens de la libération. Chacun des choix du yogi a pavé la voie vers la libération ultime.

La libération est un fruit qui ne paraît que si le mécanisme propre à chaque membre précédent est respecté. Par conséquence, l’observance simultanée de huit directions constitue les fondements de la pratique de l’ashtanga yoga.

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