Écrans et attention : pourquoi s’en inquiéter ?

L’attention est la porte d’entrée de tous les apprentissages. Sans elle, rien ne peut être compris, mémorisé, ni utilisé. Or, les écrans, omniprésents dans le quotidien des jeunes, bouleversent les façons dont le cerveau gère l’attention.
Pour les éducateurs, comprendre les mécanismes de l’attention et les effets des écrans est devenu essentiel afin de poser des choix éclairés en matière de pratiques pédagogiques et d’environnement d’apprentissage.

1. Trois formes d’attention à distinguer

L’attention captée est une attention réflexe, automatique, provoquée par des stimuli externes (son, mouvement, couleur vive). C'est celle qui nous fait tourner la tête quand une alerte sonore se fait entendre ou quand une image clignote. Les contenus numériques, conçus pour retenir l’utilisateur, sollicitent massivement ce type d’attention. Les écrans font appel à l’attention captée, qui n’est pas favorable à la concentration en profondeur.

L’attention dirigée, au contraire, est volontaire. Elle permet de se concentrer sur une tâche, de résister aux distractions et de mobiliser des ressources cognitives pour comprendre, raisonner ou mémoriser. C'est cette forme d’attention qui est essentielle à tout apprentissage en profondeur.

L’attention fragmentée survient quand les sollicitations externes sont trop nombreuses ou trop fréquentes. Le cerveau est alors contraint de basculer sans cesse d’une tâche à une autre, ce qui augmente la charge cognitive, provoque de la fatigue mentale et entraîne une surcharge mentale, nuisant à la qualité de la concentration.

Il est aussi essentiel de distinguer l'état actif (quand l'apprenant s'engage activement dans une tâche, pose des questions, explore, réfléchit) de l'état passif (quand il subit l'information sans y réfléchir ou l'utiliser).
Le flow, ou engagement cognitif profond, n'apparaît que dans un état actif : l'élève est alors totalement absorbé par une activité signifiante, ce qui favorise à la fois l'apprentissage et un état de calme intérieur.

2. Les interférences cognitives causées par les écrans

Les environnements numériques multiplient les sources d’interruption : notifications, messages, animations, suggestions de contenu.
Ces interruptions viennent accaparer l’attention captée, perturbent le maintien de l’attention dirigée, et fragmentent le traitement de l’information.

Des études ont montré que la seule présence d’un téléphone sur une table (même éteint) suffisait à réduire les capacités de mémoire de travail disponibles (Ward et al., 2017). D’autres travaux (Sana et al., 2013) ont démontré que l’utilisation multitâche des écrans en classe diminuait non seulement les performances de l’utilisateur, mais aussi celles de ses pairs situés à proximité.

3. Les effets à long terme : un risque pour la concentration profonde

L’usage répété d’écrans stimule principalement l’attention captée. Or, à force de solliciter cette attention réflexe, le cerveau perd en capacité à maintenir une attention soutenue. Selon Maryanne Wolf (2018), neuroscientifique de la lecture, la lecture numérique rapide et fragmentée entraine une baisse de l’empathie, de la compréhension en profondeur et du raisonnement critique. Le cerveau s’habitue à zapper plutôt qu’à se plonger dans une tâche. Un usage excessif d’Internet peut ainsi créer une pensée “zapping”, rapide et superficielle, qui appauvrit la mémoire et les capacités de synthèse.

4. Comment agir comme éducateur ? Des pistes concrètes

Avant de conclure l’entente, il est important de soutenir le parent dans son rôle de guide bienveillant. Voici quelques leviers concrets pour l’aider à faire vivre les règles au quotidien :

  • Favoriser des périodes de travail sans écran pour entraîner l’attention dirigée (lecture sur papier, prise de notes manuscrite, réflexion individuelle).

  • Sensibiliser les élèves aux mécanismes de l’attention, en leur expliquant que le cerveau n’est pas multitâche et que chaque distraction a un coût.

  • Structurer les temps d’écran en classe, en évitant les interruptions (alerte, onglets multiples, sons).

  • Instaurer des routines de concentration : moments de silence, respiration, ancrage corporel, objectifs clairs par séquence.

  • Valoriser l’engagement cognitif ou “flow”, un état de concentration intense où l’élève est absorbé par une tâche motivante. Ce type d’engagement, paradoxalement, peut entraîner un état de calme intérieur et de repos mental bénéfique pour le cerveau.

Former les jeunes à gérer leur attention est devenu un défi clé de l’éducation. Cela suppose de comprendre les effets des écrans sur le cerveau, mais aussi d’outiller les élèves à faire des choix technologiques éclairés. En tant qu’éducateurs, nous avons un rôle essentiel à jouer pour protéger et entraîner cette capacité si précieuse : l’attention.

 
 

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